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| La presse en parle | |
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jcdardart Admin
Nombre de messages : 390 Localisation : Paris Date d'inscription : 25/02/2006
| Sujet: La presse en parle Dim 26 Fév - 0:50 | |
| L'article de libération - Citation :
- La planète psy en guerre contre «la psychothérapie d'Etat»
Toujours pas d'entente entre le ministère de la Santé et les praticiens.
par Eric FAVEREAU QUOTIDIEN : mercredi 22 février 2006
Et ils sont revenus, hier, au ministère de la Santé, tous membres d'une association de psychanalystes, de psychiatres, de psychologues ou de psychothérapeutes. Ils y ont passé la matinée pour une dernière réunion dite de concertation avec un responsable de la direction générale de la santé. Objectif : faire le point sur la rédaction des décrets très attendus de la loi, votée en 2005, qui entendait réglementer l'usage du titre de psychothérapeute.
Déception. A la différence de la première rencontre qui s'était tenue le 10 janvier, la plupart des membres de la planète psy sont ressortis cette fois-là, sinon furieux, du moins déçus. Un universitaire : «On se moque de nous.» Un psychothérapeute : «Je n'y comprends plus rien.» Un analyste freudien : «On nous propose le système soviétique.» Seul le responsable du ministère s'est montré optimiste : «Nous avons bien discuté, maintenant le dossier est dans les mains du ministre.»
Mais quel dossier ? Difficile de se repérer dans cet énième épisode d'une affaire qui avait commencé avec l'amendement Accoyer, à l'automne 2004. Le point de départ avait, lui, le mérite de la clarté. Il s'agissait de définir qui peut se vanter du titre de psychothérapeute. Et comment éviter les charlatans.
Après moult péripéties, une loi a été votée en 2005, fixant un cadre : «L'usage du titre de psychothérapeute sera réservé aux professionnels inscrits sur un registre national des psychothérapeutes, géré à un niveau départemental. Cette inscription sera conditionnée au suivi d'une formation pratique et théorique en psychopathologie clinique.» Restait alors la question délicate des décrets d'application.
Grosso modo, pour avoir le droit de se servir du titre de psychothérapeute, il faut avoir eu une formation de psychopathologie clinique, d'un niveau de master, ce qui est en somme la formation du psychologue clinicien d'aujourd'hui. «Mais alors, quelle différence entre psychopathologue et psychothérapeute», s'interroge Roland Gori, professeur à l'université d'Aix Marseille-1 et président du Séminaire interuniversitaire européen de recherche et d'enseignement de la psychanalyse et de la psychopathologie. «Cela rime à quoi ? Au final, la loi laisse faire un quelque chose dont on ne définit pas ce que c'est, et on confond master en psychopathologie, et psychothérapeute.»
Bruno Dal-Pal, président de Psys en mouvement une fédération de psychothérapeutes , est lui aussi en colère. Mais pour une autre raison : «Un amendement au décret affirme que la seule formation possible est universitaire. C'est encore exclure nos centres de formation.»
Second point, encore plus polémique celui-là. L'article 8 du décret d'application note que «cette formation en psychopathologie clinique vise à acquérir entre autres une connaissance du fonctionnement psychique», et ajoute que «la personne doit avoir une connaissance des quatre approches de psychothérapie validées scientifiquement (analytique, systémique, cognitivo-comportementaliste, intégrative)».
Une rédaction qui a eu pour conséquence de faire réagir d'une même voix la totalité du milieu psychanalytique, pourtant historiquement archidivisé. «On cherche à définir et à imposer une psychothérapie d'Etat», explique très fermement Gérard Bayle, président de la très freudienne Société psychanalytique de Paris. «Un décret qui définit des savoirs et va jusqu'à définir lesquels ! C'est insensé, il n'y a que les Soviétiques qui ont fait cela. Toutes les associations analytiques ont demandé le retrait de ce texte.» «Formulation inquiétante», poursuit Roland Gori. Seuls les psychothérapeutes proches des thérapies cognito-comportementalistes sont plutôt satisfaits de voir les fameuses TCC rentrer dans le cadre de l'enseignement obligé.
Décision. En tout cas, la «concertation» est finie. La Direction générale de la Santé va transmettre le dossier au ministre, Xavier Bertrand. Celui-ci, qui n'a jamais été présent lors de cette phase de rencontre, va être obligé de trancher. Avant de transmettre ces décrets en Conseil d'Etat. A moins qu'il prenne son temps... L'article du monde du 20 février 2006 - Citation :
- Deux ans après le début de la polémique sur l'amendement Accoyer, le projet de réglementation de l'usage du titre de psychothérapeute suscite une colère croissante chez les professionnels de la psyché. Motions adoptées par les enseignants de Faculté, pétitions qui circulent parmi les étudiants en psychologie, courriers de protestations adressés par dizaines au ministère de la santé, le petit monde de la psy s'oppose, presque unanime, à un avant-projet de décret qui doit faire l'objet d'une dernière réunion de concertation, mardi 21 février.
Pour les professionnels concernés, psychiatres, psychologues et psychothérapeutes, ce texte excéderait largement le cadre posé par l'article 52 de la loi du 9 août 2004 : ils estiment que le gouvernement s'est saisi de l'occasion pour créer une nouvelle profession paramédicale, concurrente des pratiques existantes, que d'aucuns qualifient déjà de "psychothérapie d'Etat".
Depuis la présentation par la direction générale de la santé (DGS), le 10 janvier, de l'avant-projet de décret, qui prévoit la création d'un diplôme de type master pour utiliser le titre de psychothérapeute (Le Monde du 12 janvier), la contestation n'a fait qu'enfler. Les étudiants en psychologie à Paris-VII, Nantes, Rennes, Toulouse, les professeurs de Strasbourg et Poitiers font circuler des pétitions et des motions. Les enseignants de psychopathologie, réunis dans le séminaire interuniversitaire européen d'enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse (Siuerpp) ont fait part de leur profond désaccord. La quasi-totalité des associations psychanalytiques conviées à la concertation par la DGS sont sur la même ligne, ainsi que le Syndicat national des psychiatres privés (SNPP) et le Syndicat national des psychologues (SNP). Seules les associations représentant le courant cognitivo-comportementaliste se sont déclarées satisfaites des orientations du ministère de la santé.
La disposition qui concentre le plus de critiques est sans conteste l'article 8 de l'avant-projet de décret. Alors que la loi du 9 août 2004 se bornait à affirmer que le titre de psychothérapeute ne pourra être utilisé qu'après "une formation en psychopathologie clinique", l'avant-projet définit le contenu de cette formation, qui devra respecter "une connaissance des quatre principales approches de psychothérapie validées scientifiquement (analytique, systémique, cognitivo-comportementaliste, intégrative)".
"OFFICIER DE SANTÉ MENTALE"
Pour les professionnels, très divisés entre courant psychanalytique et partisans des thérapies brèves comportementales, d'inspiration anglo-saxonne, le ministère s'immisce dans une querelle épistémologique, qui ne devrait pas sortir du débat interne à la communauté scientifique. "Ce décret relève d'un excès d'interprétation par rapport à la loi, dans la mesure où il définit le contenu des psychothérapies, c'est inacceptable", estime Jacques Sédat, qui représente une dizaine d'associations psychanalytiques, réunies dans le Groupe de contact. "Il n'y a que dans les régimes totalitaires que l'Etat définit ce qu'est la science", s'insurge Philippe Grosbois, du SNP.
Les opposants au projet estiment par ailleurs que le texte du ministère, loin d'offrir des garanties de meilleure prise en charge au public, ce qui était l'objet initial de la loi, aboutit à affaiblir la formation des personnes pratiquant la psychothérapie. "Une psychothérapie ne se conduit pas à partir d'un savoir universitaire mais à partir de la résolution de sa propre équation personnelle, en analyse, explique Jean-François Cottes, psychologue et représentant de l'InterCoPsychos. Sinon, on expose le patient à ce que celle-ci interfère dans la relation."
Enfin, bien que le ministère de la santé s'en défende, l'ensemble des professionnels craignent de voir émerger, avec la création de ce master, une nouvelle profession, sorte d'"officier de la santé mentale" qui viendrait pallier la pénurie annoncée de psychiatres.
Les plus directement menacés par cette perspective sont les psychologues, dont bon nombre pratiquent la psychothérapie, en choisissant librement leur orientation. "Il est probable que le nouveau titre de psychothérapeute sera requis pour exercer dans les institutions de soin, estime Alain Vanier, professeur de psychopathologie à Paris-VII et membre de l'association Espace analytique. Pour les étudiants en psychologie, l'avenir de leur diplôme et leurs débouchés professionnels ne seront plus assurés." "Les facultés forment 3 000 psychologues par an, beaucoup sont confrontés au chômage, et le gouvernement voudrait créer une profession nouvelle ? s'indigne Michèle Clément, secrétaire générale du SNP. Contrairement à notre profession, qui n'est pas paramédicale, il est à craindre que ces futurs psychothérapeutes soient directement placés sous la tutelle des médecins."
Contacté par Le Monde, le ministère de la santé a précisé réserver ses commentaires pour la réunion du 21 février.
LÉGISLATION
L'article 52 de la loi du 9 août 2004 dispose que l'usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits sur un registre national. Cette inscription est de droit pour les médecins, les psychologues et les psychanalystes régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations. Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités et les conditions de formation théorique et pratique en psychopathologie clinique des personnes visées.
CHIFFRES
Plusieurs professionnels pratiquent la psychothérapie à titres divers. Les psychologues sont 40 000, dont 70 % sont psychologues cliniciens, les psychiatres, 8 000, les psychanalystes, 6 000, et les psychothérapeutes, praticiens non médicaux venus d'horizons divers, 5 000.
Cécile Prieur | |
| | | ketufa Modérateur
Nombre de messages : 33 Localisation : Tours Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Halte au bricolage scientiste Dim 12 Mar - 19:33 | |
| par Jean-Pierre SUEUR (sénateur (PS) du Loiret et ancien ministre). jeudi 09 mars 2006 Liberation - Citation :
- Et de trois ! Il y eut d’abord Xavier Bertrand, ministre de la Santé, s’employant à installer le néocomportementalisme parmi les « quatre catégories » des psychothérapies « validées scientifiquement » (sic). Il y eut ensuite Nicolas Sarkozy, dont on nous apprend qu’il s’inspire d’un rapport du député UMP Jacques-Alain Bénisti et d’un autre de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour préparer le dépistage des enfants dès l’âge de la crèche afin de repérer très précocement les futurs délinquants. Et voilà que Gilles de Robien annonce (Libération du 28 février) que les « neurosciences » permettent de « savoir désormais » que la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture est la « plus efficace », puisque les approches alternatives « contredisent directement les structures de fonctionnement du cerveau » et que les « signaux chimiques et électriques » (sic) du cerveau permettent désormais de « trancher » cette question.
Dans les trois cas, la logique est la même. Il s’agit de présenter des choix politiques singuliers comme découlant nécessairement d’une vérité scientifique dont l’évidence s’imposerait absolument.
Ce néoscientisme gouvernemental est inquiétant parce qu’il instrumentalise la science au profit de thèses qui sont autant de choix politiques a priori qui ne résultent en rien de données scientifiques qui sont produites comme des justifications a posteriori.
Reprenons les trois manifestations récentes de cette même logique.
Commençons par Robien. Celui-ci a décidé de pourfendre et d’interdire la méthode dite globale d’apprentissage de la lecture à un moment où on l’a assez dit elle n’est plus en usage. Il a choisi de prôner le syllabisme, considérant sans doute qu’il y avait là un moyen simple de frapper l’opinion en flattant un apparent bon sens. La réalité, c’est que l’apprentissage de la lecture suppose nécessairement l’analyse et la synthèse, la décomposition et la reconstruction, la perception globale et signe à signe, etc. Mais Robien n’entre pas dans ces débats. Il veut asséner un signe politique, celui du B.A.BA, dans lequel il pense que chacun se reconnaîtra.
Ce qui est hautement contestable, c’est que Robien se croit obligé de justifier ce signe politique par un substrat scientifique qu’il érige quasiment en science d’Etat. Ainsi, notre ministre déclare tout de go : « On sait désormais que non seulement la méthode à départ syllabique est la plus efficace, mais l’on sait pourquoi. Plus aucune fausse science ne pourra révoquer l’expérience. » On a envie d’ajouter : « Fermez le ban ! » Le ministre a parlé. Il y a la fausse science et la vraie. Robien serait bien en peine de nous expliquer comment les « signaux chimiques et électriques » du cerveau justifient absolument la méthode syllabique. Il n’y a d’ailleurs dans son texte aucune démonstration ni aucune considération pour les objections qu’on peut opposer aux utilisations fallacieuses des neurosciences. Il n’y a que des affirmations. C’est donc une bien piètre dissertation. Elle se termine en apothéose. Robien nous annonce en effet que les neurosciences vont prochainement nous expliquer « comment naissent nos pensées ». Dédions-lui, en guise de réponse, cette remarque de la philosophe Clotilde Leguil-Badal : « Si l’inconscient de Freud, celui de Lacan, permet justement de penser une sortie au déterminisme une sortie du sujet là où il était l’objet d’un destin ignoré , le cerveau des neuroscientistes, quand il prétend s’identifier au psychisme, condamne quant à lui le sujet à un déterminisme définitif. » L’article de Robien en témoigne : dans la nouvelle doxa gouvernementale, le déterminisme règne sur les apprentissages, les perceptions, les comportements et les pensées.
Cela se retrouve dans l’usage qui est fait du rapport de l’Inserm sur le trouble des conduites chez l’enfant. Imaginer que l’on va dépister dès l’âge de 1, de 2 ou de 3 ans tout ce qui, chez un enfant, « prédétermine » la délinquance future est terrifiant. Que la médecine, la psychiatrie, la psychologie, puissent être sollicitées à tous les âges de la vie, et cela dès le premier jour, c’est une évidence. Ce qui, en revanche, est inacceptable, c’est la visée prédictive qui sous-tend la démarche. Laissons parler les pédiatres, pédopsychiatres et professeurs d’université qui ont lancé un véritable cri d’alarme : « Avec une telle approche déterministe et suivant un implacable principe de linéarité, le moindre geste, les premières bêtises d’enfant, risquent d’être interprétés comme l’expression d’une personnalité pathologique qu’il conviendrait de neutraliser au plus vite [...]. A partir de 6 ans, l’administration de médicaments psychostimulants et thymorégulateurs devrait permettre de venir à bout des plus récalcitrants. » Considérer que l’on peut dès le plus jeune âge « détecter » le délinquant en puissance, c’est méconnaître le rôle des parents, des enseignants, des éducateurs, de la société... dans les années qui suivent. Rien, absolument rien, n’est en la matière totalement déterminé. Heureusement ! Le fichage des enfants et les théories prédictives témoignent d’un pessimisme désespérant.
La troisième manifestation du néoscientisme gouvernemental nous est fournie par Xavier Bertrand, qui s’emploie à écrire un décret sur le titre de psychothérapeute à partir du désormais célèbre amendement Accoyer, dont l’ultime mouture, contradictoire dans ses termes, rend l’exercice quasiment impossible.
Contrairement aux apparences, l’enjeu de l’avant-projet de décret qui a été rendu public n’est pas la définition des conditions d’accès à une profession. La phase principale du texte est celle qui annonce que le « professionnel souhaitant user du titre de psychothérapeute » devra « acquérir une connaissance des quatre approches de psychothérapie validées scientifiquement (analytique, systémique, cognitivo-comportementaliste, intégrative) ». La liste des quatre « approches » ainsi énumérées est tout un programme. Il y a d’abord l’analyse, qu’il faut sans doute comprendre comme étant la psychanalyse qui, rappelons-le, ne s’est jamais définie comme une science. Et ensuite, sur le même plan que la (psych)analyse, à peine séparée d’elle par l’approche « systémique », apparaît on l’attendait, on la voyait venir, c’est pour elle que tout cela a été écrit l’approche « cognitivo-comportementaliste ». Ce nouvel avatar du behaviourisme que constitue le néocomportementalisme et les thérapies cognitivo-comportementales (les « TCC ») se trouverait ainsi « scientifiquement validé » par la grâce du décret dont nous connaissons l’avant-projet. Dans ce système, c’est donc l’Etat qui effectue les « validations scientifiques » et, comme l’a aussitôt dit Roland Gori : « On veut instaurer une psychothérapie d’Etat. »
Tout cela est, au total, très cohérent. Les précédents ne manquent pas qui montrent combien on doit s’inquiéter chaque fois qu’un pouvoir instrumentalise la science au service de l’idée qu’il se fait de l’ordre culturel et social. il y a eu un Riposte sur le sujet la semaine dernière qu'il est possible de voir ici. Dans le débat passionnant qui anime les différents intervenants, se dessine des questions très intéressantes et d'actualité sur l'interprétation et les réponse politique vis à vis des rapports des « experts » (INSERM notamment). je pense pour ma part que nous aurions tout intérêt à observer la différence entre les glissements de société, la question de la médicalisation du champ social, la question de la recherche et des publications (sa médiatisation), les débats internes dans les champs sollicités et la réponse politique. Il m’apparaît que ça n’est pas sans rapport avec ce qui nous retiens sur ce forum. Arno | |
| | | Caroline Modératrice
Nombre de messages : 277 Localisation : Rennes 2 Date d'inscription : 28/02/2006
| Sujet: Re: La presse en parle Dim 12 Mar - 19:53 | |
| Je comprends bien qu'on fasse ces distinctions, mais quelles conséquences en tires-tu pour ce qui nous occupe ici ? C'est-à-dire comment les articules-tu avec notre mobilisation ?
caro | |
| | | ketufa Modérateur
Nombre de messages : 33 Localisation : Tours Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: La presse en parle Dim 12 Mar - 23:50 | |
| Bon je me lance au risque de ne pas être très claire dans mes propos. Je pose la question de la médiatisation du champ psy en fait. Je pense, comme ce qui est dit justement par Mr Jaemmet dans cette émission, qu’il y a des enjeux et des conflits d‘écoles qui ne sont pas sans impacts sur les décisions politiques. Il situe le conflit entre la psychanalyse et psychiatrie biologique, repris plus tard dans l’émission par Mucchielli qui parle pour sa part d’une médicalisation de la société. (Je vois là quelque chose qui est redondant dans l’histoire de la psychologie puisqu’il y a une vingtaine d’années s’opposaient déjà la psychologie clinique et la psychologie expérimentale.) Je pense à cet égard que nous aurions intérêt à gagner une forme de conscience politique pour comprendre ce qui nous fait arriver à la question des psychothérapies qui n’est pas une fin en soi, mais bien un glissement sociétal. Il faut reconnaître que nous débattons la plupart du temps sur des notions avec lesquelles nous ne sommes pas tous en accord quant à leur définition. Pour nous, étant inscrit dans une communauté spécifique, ces termes sont très importants et ont des incidences épistémologique et paradigmatiques qui conditionnent des positionnements et des pratiques radicalement différentes. Aujourd’hui, la question est de savoir comment se positionnent les décideurs politiques dans ces débats. Un thème qui sous tend une partie de l’émission est celui de l’amalgame justement. Amalgames qui tendent à être reconnus par les personnes présentes sur le plateau comme étant fait par le politique et non par le rapport INSREM en lui-même. Mr Meirieu, pédagogue, met le doigt sur le lien existant entre la question de la prévention de la délinquance et celle de la réglementation des psychothérapies ; Il interroge la place du diagnostic médical dans la société et propose d’aborder une réflexion épistémologique sur le statut de la médecine dans l’organisation politique. Selon lui, en donnant à la médecine cette fonction paradigmatique, c’est à dire une fonction organisationnelle, dans une société inquiète, peureuse et individualiste, il est offert au pouvoir politique la possibilité de faire des lois comme celle qui nous concerne. Dans cette perspective, les médiations ne se font désormais plus que sur le médical et non plus sur le collectif et le lien social (se profile déjà l’ombre de la prescription). Les dérives se font donc sur un mode qui n’est plus scientifique, ça n’est plus seulement le rapport INSREM qui est en cause mais ce qui va en être fait. On voit bien alors dans quoi s’intègre la question des psychothérapies. Comme j’ai eu l’occasion d‘en parler dans une autre section, il y a des liens à faire entre une protocolarisation des pratiques souvent dénoncée (sur un mode administrativo économique qui induit l’émergence de classifications) et la future formation des psychothérapeutes. A lire le décret d’application on ne sait pas bien si le politique a voulu ménager les différents courants existant et « reconnus » ( ?), dans un souci de ne pas tomber dans la vulgarisation du fait de la complexité du débat (maladroitement), ou alors s’il aura été question de lobbying de la part de certains ? Ceci étant, cela s’intègre dans une logique de moindre coût tout en semblant répondre à une demande sociétale (la sécurité de ne pas tomber sur des charlatans, enfin à priori…). Je pense donc qu’il est important pour nous, dans le cadre de la réflexion qui sous-tend cette mobilisation, de s’arrêter sur le fonctionnement global de la société et de la place que prend la médicalisation dans le discours politique. Il me semble toujours inquiétant d’entendre lors de discussions entre étudiants des arguments essentiellement centrés dans une perspective exclusivement psy (psychanalyse versus TCC, n’est ce pas réducteur ?). Ce que dénonce d’ailleurs Mr Mucchielli dans l’émission en expliquant que tous ces débats son centrés dans une vision individualiste de la société (l’individu comme seul responsable de ce qui lui arrive, en même temps qu’on le déresponsabilise avec les questions d’insécurités et maintenant de parentalité etc…). Comme il est dit par F D sur oedipe.org tout cela est, au total, très cohérent. Les précédents ne manquent pas et montrent combien on doit s'inquiéter chaque fois qu'un pouvoir instrumentalise la science au service de l'idée qu'il se fait de l'ordre culturel et social. Ne gagnerions nous pas à nous poser des questions sur la façon dont est perçu ce champ que nous voulons défendre ? (désolé pour la longueur , je pense qu'une discussion de vive voie éclairerait davantage le sujet et le but de cette intervention...) | |
| | | Caroline Modératrice
Nombre de messages : 277 Localisation : Rennes 2 Date d'inscription : 28/02/2006
| Sujet: Re: La presse en parle Lun 13 Mar - 0:39 | |
| Je suis globalement d'accord avec ton message, mais j'ai toujours du mal à en saisir la visée... Tu dis : - Citation :
- Je pose la question de la médiatisation du champ psy en fait.
[et pour finir :]Ne gagnerions nous pas à nous poser des questions sur la façon dont est perçu ce champ que nous voulons défendre ? Perçu ? Ou, utilisé par le politique ? Il me semble que tu dis qu'il ne faudrait pas confondre les grandes lignes de fracture et de débat internes au champ psy (et notamment psychanalyse versus TCC), et la façon dont le politique s'en sert pour mettre en place un certain type de contrôle social justifié par l'expertise... Dis-moi si je retrace à trop gros traits ce que tu dis. Cela dit avec quoi je suis d'accord, je ne pense pas qu'on puisse distinguer les deux de façon si nette, et d'abord parce que la logique de l'expertise dont se sert le politique pour légitimer son action "hors de lui" pourrait-on dire ("c'est la science, ce n'est pas moi qui le dit"), on la retrouve à l'oeuvre dans les TCC, où l'expert est le patient. Ce qui permet d'ailleurs de rejeter la faute sur lui quand ça ne marche pas (mêmes conséquences avec le politique et son hyperresponsabilisation des individus, au détriment d'une analyse des mécanismes sociaux et collectifs). La question, me semble-t-il, est de savoir à qui s'adresser, et comment ? En premier lieu, il est urgent d'informer les étudiants. Je pense aussi qu'il est nécessaire de s'adresser au politique (au sens large), à l'endroit où il est responsable de ses actes dans le champ public et où il ne peut plus se défausser. Effectivement, ça mériterait d'écrire de façon claire quel type de société est là implicite. Je suis particulièrement intéressée par ce que nous pourrions préciser dans les rapports entre la réglementation de l'usage du titre de psychothérapeute qui nous occupe et le rapport de l'Inserm TDC. À ce propos, il ne faut pas oublier le précédent rapport de l'Inserm sur l'évaluation des psychothérapies. Une autre pièce du puzzle. caro | |
| | | ketufa Modérateur
Nombre de messages : 33 Localisation : Tours Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: La presse en parle Mar 14 Mar - 16:06 | |
| Je pense que nous nous comprenons sur le fond. J’invite à considérer ce qui est souvent repris sur oedipe, à savoir que les positions des différents protagonistes du champ ne sont pas lisibles. En tant qu’étudiant, car la coordination est avant tout étudiante, nous ne pouvons que nous poser un certain nombre de questions quand on lit à la fois l’article 52 et son décret d’application et qu’on les confronte avec toutes ces positions. Par exemple, ce terme de psychopathologie clinique à une importance qui n’est pas que relative. Ceci est très bien repris et étayé sur oedipe.org par Mr Lebret , non sans ce cynisme qui le qualifie tant. C’est un exemple parmi d’autre, et tu as raison de rappeler l’importance du précédent rapport INSREM et son implication dans l’imbroglio des psychothérapies. Ceci étant, cela ne nous dispense pas d’aborder une réflexion critique comme le fait Yves Gerin en répondant à Roland Lebret que « La crise actuelle est la conséquence logique de l'ambiguïté structurale de l’enseignement de la psychologie clinique à l'université, chimère ou la rationalisation de la psychanalyse a trouvé une reconnaissance sociale démesurée, où se sont engouffrés étudiants et universitaires. Propédeutique » dont mon précédent message n’est qu’une illustration. Arno | |
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