Communiqué de l’AFFOP (Association Fédérative Française de Psychothérapie)
10-02-2006
REPONSE AU MINISTERE DE LA SANTE
Le Conseil d’administration de l’AFFOP confirme son communiqué du 19 janvier.
Il rejette le projet de décret que le Ministère de la santé a présenté le 10 janvier : ce projet est contraire aux règles nécessaires au bon fonctionnement de la profession de psychothérapeute relationnel ; il enlève le titre de Psychothérapeute aux professionnels qui ont créé cette nouvelle profession depuis trente ans ; il tend à l’élimination de la psychothérapie relationnelle.
En mettant – par le biais d’un master de psychopathologie – la psychothérapie sous le contrôle de la médecine, de la psychiatrie et de psychologie universitaire, il fait de la psychothérapie – ainsi que l’annonce déjà le site du Ministère et contrairement aux engagements formels du législateur – une nouvelle profession paramédicale.
Les dispositions de ce projet de décret, en mettant la formation sous le seul contrôle de l’Université, sans représentation des organisations de psychothérapeutes, nie le rôle que remplissent les écoles de formation, responsables et novatrices, que les psychothérapeutes ont construites depuis trente ans et donne à l’Université une responsabilité qu’elle ne peut remplir.
Dans ses dispositions concernant les psychothérapeutes en exercice, ce projet de décret aggrave les objectifs qu’avait l’amendement ACCOYER : l’inscription, même provisoire, auprès des préfets n’est pas possible pour eux, ce qui fait de ce projet de décret un texte pire que celui, en son temps, de l’homologation au titre de psychologue du décret de 1990, torpillé par le Ministère de la santé et par les organisations de psychologues.
Tout en partageant le désir du législateur d’informer le public et de protéger sa sécurité, l’AFFOP dénonce un texte qui ignore l’importance sociale réelle, politique et morale, des psychothérapeutes relationnels et de leurs représentations. L’AFFOP demande au législateur de produire une loi qui les respecte et les concerne réellement.
Les professionnels de la psychothérapie relationnelle continueront à exercer sans le titre qui leur est dérobé, soutenus par un large public qui a bénéficié de leur travail jusqu’ici, par les autres professionnels qui leur ont fait confiance en leur adressant des patients, par les électeurs et les élus qui ont compris leur profession et reconnu l’utilité et la qualité de leur travail.
COMMUNIQUE DE L’AFFOP 16-01-06 « Chronique du refus d’une mort annoncée »
Le Ministère de la Santé a organisé le 10 janvier une réunion dite de concertation sur un projet de décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute, réunissant les représentants de 27 organisations de psychiatres, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes, environ une soixantaine de personnes.
L’organisateur de la réunion, M. BASSET, sous-directeur de la direction générale de la santé a remis aux participants un « document de travail » pour lancer le débat et recueillir avant le 10 février les questions, critiques et propositions. Il présentera le 21 février un deuxième texte qui tiendrait compte des apports éventuellement contradictoires.
Tout en approuvant le principe de la concertation qu’annonce le Ministère, le conseil d’administration de l’AFFOP réuni le 12 janvier estime que ce projet est totalement inacceptable par les psychothérapeutes relationnels en exercice professionnel libéral.
En effet, en déclarant que « la loi ne crée pas une nouvelle profession » - alors qu’elle crée un nouveau titre professionnel - , par le moyen d’ un nouveau master qu’elle dit « non-professionnel », l’Administration défend les intérêts des professionnels diplômés de diplômes déjà existants – psychiatres, psychologues - et des universitaires, au mépris de ceux qui ont créé la profession de psychothérapeute.
En attendant de diffuser une analyse plus détaillée de ce projet, l’AFFOP estime dores et déjà que :
¤ En confiant à la seule Université la responsabilité de la formation future par un master de cinq années, ce projet :
- ne tient aucun compte de la spécificité des formations cliniques à la psychothérapie relationnelle (et à la psychanalyse)
- ne tient aucun compte des cinq critères de la profession des psychothérapeutes relationnels (travail psychothérapeutique personnel, formation spécifique, agrément par des pairs, adhésion à un code de déontologie professionnel, supervision permanente)
- ne reconnaît pas aux professionnels de la psychothérapie relationnelle, aux organisations qui ont auto-réglementé leur profession, aux programmes de formation qu’ils ont construit depuis vingt ans, la place légitime qui est socialement la leur.
¤ En laissant à la discrétion des universités, autonomes dans le choix des contenus et des méthodes de formation, la possibilités de passer avec les instituts privés de leur choix des accords de coopération, ce projet signe la mort des instituts existants de formation de psychothérapeutes relationnels.
¤ En créant un master de psychopathologie en cinq ans ce projet :
- crée de fait une profession de « psychopathologue »
- substitue à la profession de psychothérapeute celle de psychopathologue dont la formation par l’université et par des « stages » restera essentiellement théorique, alors que la psychopathologie n’est qu’une part limitée de la formation des psychothérapeutes,
- barre l’accès à la formation aux psychothérapies relationnelles à l’immense majorité des personnes qui s’engagent dans ce type de cursus, étant donné la durée de ce master.
¤ En confiant aux préfets, donc aux DASS, le soin d’enregistrer les demandes d’inscription sur les listes départementales, ce projet recrée le cadre qui avait été mis en place par les décrets et les arrêtés pour l’homologation du titre de psychologue. Ce cadre a conduit à l’élimination des non-diplômés, contrairement à la volonté du législateur de l’époque mais voulue par les organisations de psychologues et par l’Administration de la santé.
¤ En soumettant les professionnels déjà en exercice à des équivalences par validation des acquits et de l’expérience dont le cahier des charges est à fixer…ultérieurement, et en contraignant les psychothérapeutes non-titulaires de diplômes universitaires à faire la formation en psychopathologie théorique et clinique sous forme d’un master de cinq ans, ce projet contraint ces professionnels en exercice à reprendre de longues études. En l’état, il est à prévoir qu’ils préfèreront renoncer à l’utilisation du titre de psychothérapeute qu’ils ont pourtant contribué à légitimer.
Même les deux éléments positifs que comporte cet avant-projet (mention des écoles privées et de la pluralité des démarches psychothérapeutiques) sont dans leurs applications concrètes remis à des décrets simples et à des arrêtés à venir qui, comme ce projet, pourront aggraver encore la suspicion que la loi contient vis à vis des psychothérapeutes non détenteurs d’autres diplômes universitaires. La loi avait atténué l’amendement ACCOYER, l’esprit de ce projet l’aggrave.
L’AFFOP, qui avait salué la loi comme une avancée par rapport à l’amendement ACCOYER et forte de la déclaration au Sénat de Philippe DOUSTE-BLAZY, alors ministre de la Santé, « qu’il savait qu’il y a de bons psychothérapeutes et de bonnes écoles de formation », espérait que le décret irait dans le même sens. Force est de constater que ce n’est pas le cas.
L’AFFOP continuera de défendre à la table des négociations ainsi que dans les médias les psychothérapeutes relationnels et leurs organisations. Cette nouvelle profession a montré sur le terrain la preuve de la compétence de ceux que ses organisations titularise depuis vingt ans.
Dans le cadre des trois journées d’étude que l’AFFOP organise sur les problèmes posés par la réglementation de la psychothérapie, l’AFFOP consacrera la journée du 4 février 2006 à l’ « Examen et critique du projet de décret ».
Jean-Michel FOURCADE,
président