Coordination nationale des étudiants contre le décret sur la psychothérapie
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Coordination nationale des étudiants contre le décret sur la psychothérapie


 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -36%
Aspirateur balai sans fil Dyson V8 Origin
Voir le deal
254.99 €

 

 (a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse

Aller en bas 
AuteurMessage
Caroline
Modératrice



Nombre de messages : 277
Localisation : Rennes 2
Date d'inscription : 28/02/2006

(a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse Empty
MessageSujet: (a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse   (a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse EmptyDim 5 Mar - 20:37

(a)lpha écrit au Ministre de la Santé

Saint Laurent – Nouan, le 6 février 2006

Monsieur le Ministre,

Le gouvernement auquel vous participez a fait le choix de développer une politique de la « santé mentale » qui abolit le sujet de l’inconscient et privilégie l’approche cognitivo-comportementale de la souffrance psychique. Cette démarche témoigne au mieux d’une méconnaissance du psychisme, au pire d’un désir de n’en rien vouloir savoir.

Lorsque Bernard Accoyer a déposé, fin 2003, devant le Parlement, son projet d’amendement, il a inauguré une série dont on a pu croire qu’elle trouvait son issue dans le vote de l’article 52 de la loi du 9 août 2004 sur la Politique de Santé Publique. C’était sans compter sur la farouche volonté gouvernementale de mener à terme un projet qui se dessine dans de nombreux rapports, de Piel-Roelandt à Cléry-Melin, de donner à ce texte de loi les moyens de son application et sert ses visées sécuritaires.

La dynamique instituée par les recommandations que développent ces rapports tend à effacer la spécificité de la psychè humaine et à abolir la dimension unique du sujet, au nom d’un projet orienté par le scientisme renaissant qui ravale l’être humain à ses comportements, instituant le furor sanandi, condamné par Freud puis bien d’autres, en règle de gouvernement et brandissant la bible DSM-IV.

Il apparaît aujourd’hui, notamment avec l’ouverture récente d’une concertation sur l’avant-projet de décret d’application de l’article 52, que l’horizon est balisé de telle sorte qu’au bout du compte la dimension la plus intime de l’être humain sera cernée par une prise en charge autoritaire.

Dans cette hypothèse, c’est d’une course vers le pire que vous serez comptable.

(a)lpha – association pour la laïcité de la psychanalyse travaille depuis deux ans à développer une réflexion autour de la spécificité de la psychanalyse, énoncée par Freud dès 1926 dans La Question de l’Analyse profane et reprise par Jacques Lacan au fil de son enseignement, spécificité selon laquelle faire une psychanalyse est le point d’ancrage premier de la formation du psychanalyste, qui ne saurait par ailleurs être évaluée par l’université mais connaît des procédures de reconnaissance internes à chaque Ecole. C’est précisément parce que nous avons fait l’expérience de la cure psychanalytique et que celle-ci a conduit beaucoup d’entre nous à occuper la position du psychanalyste, que nous sommes en droit de dire qu’aucune formation de type universitaire ne formera jamais des psychothérapeutes ou des psychanalystes. A fortiori si elle est inscrite sous le chef de la « santé mentale ».

La psychanalyse se range du côté du un, pas du côté du tous, sans standard, mais pas sans principes. Formater la formation du psychanalyste ou du psychothérapeute selon des critères scientifiques n’a pas de sens, à moins de faire de la psychanalyse une science qu’elle n’est pas. La parole délivrée dans la cure ne répond à aucune règle pré-construite au sujet, du fait qu’il y a de l’inconscient et que l’association libre est la pierre angulaire du dispositif psychanalytique. On ne sait qu’après-coup quel parcours on a construit avec son psychanalyste. Et seul le sujet peut rendre compte de l’expérience unique dans laquelle il a appris à connaître ce qu’il en est de son désir.

La psychanalyse est et demeurera, quoiqu’en veuille faire le législateur, une expérience de la liberté dans le langage. « Il n’existera jamais là aucun livre de recettes » selon la formule récente de Jean-Pierre Klotz, récemment encore Directeur de l’Ecole de la Cause freudienne. Pas même si un projet politique érigeait en règle universelle de bonne conduite le silence et la mort de la pulsion, par l’entremise de la prescription médicale, de la posologie médicamenteuse et de la réadaptation comportementale. « Seule la psychanalyse est à même d’amener le sujet à appréhender et à assumer son style de vie au-delà de la conformité, du ready-made imposé et de la voie prescrite. » ajoute Jean-Pierre Defieux.

Aussi (a)lpha répète ici, à la suite de quelques autres, sa désapprobation vis-à-vis du texte du texte de l’article 52 de la loi du 9 août 2004 sur la Politique de Santé Publique et s’élève également contre l’avant-projet de décret qui n’est rien d’autre qu’un dangereux non-sens.

La prochaine réunion de concertation prévue au Ministère le 21 février prochain s’en tiendra à l’étude de l’avant-projet de décret sur le titre de psychothérapeute. En ce sens, elle n’aura pas pour objectif de ruiner les travaux de générations de praticiens de la chose psychique. Mais elle marquera une nouvelle étape dans cette tentative contre laquelle nous nous élevons.

Notre association attire de ce fait votre attention sur ce que Freud énonçait dans La Question de l’Analyse profane, repris par Lilia Mahjoub, Présidente de l’Ecole de la Cause freudienne, le 04 février dernier, lors de la journée de travail organisée par l’AFFOP et le SNPPsy : la question n’est « pas de savoir si l'analyste est pourvu d'un diplôme médical, mais s'il a acquis la formation spéciale qui est nécessaire à l'exercice de l'analyse. On peut rattacher à cela la question qui a été discutée avant tant d'ardeur par les confrères : quelle est la formation la plus appropriée pour un analyste ? Je pensais, et je soutiens encore aujourd'hui, que ce n'est pas celle que l'université prescrit au futur médecin.», de sorte que les charlatans naguère stigmatisés se trouvent de fait du côté de ceux qui n’auraient pas fait l’épreuve de l’expérience psychanalytique et produirait néanmoins la plaque que Monsieur Accoyer redoutait tant.

Le titre ne fera pas le bon psy.

Les Ecoles de Psychanalyse n’ont jamais cessé, au fil de leur histoire, d’être les organes de formation que vous appelez de vos vœux et seriez bien inspiré d’entendre.

Notre association vous demande donc de prendre le temps de faire toute la place nécessaire aux représentants des Ecoles qui seraient en mesure de vous éclairer sur la véritable nature de nos pratiques, de vous ranger à l’avis de celles qui vous démontreront que ce projet de décret est inepte et vous enjoint de prendre toute la mesure des choix que vous opérez.

Votre responsabilité serait lourde s’il advenait que votre gouvernement décidât de remettre aux mains d’experts de la « santé mentale » la souffrance psychique des sujets. Le gouvernement donnerait alors raison à Jacques Lacan qui écrivait, comme le rappelait dernièrement Marie-Hélène Brousse, Présidente de l’Ecole Européenne de Psychanalyse : « Le développement qui va croître en ce siècle des moyens d’agir sur le psychisme, un maniement concerté des images et des passions dont on a déjà fait usage avec succès contre notre jugement, notre résolution, notre unité morale, seront l’occasion de nouveaux abus de pouvoir. »

Je me tiens à votre disposition dans l’hypothèse où vous souhaiteriez accorder à (a)lpha une audience afin que nous développions devant vous tel ou tel point de cette lettre et vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Pour (a)lpha, le Président,

Benoit Drunat
Revenir en haut Aller en bas
http://www.lahnon.org
Caroline
Modératrice



Nombre de messages : 277
Localisation : Rennes 2
Date d'inscription : 28/02/2006

(a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse Empty
MessageSujet: (a)lpha (suite) Une proposition   (a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse EmptyDim 5 Mar - 20:39

À chacun son décret !
Une proposition

Par Armelle Gaydon

Comme d’autres organisations du Champ freudien, du champ social et du champ syndical, (a)lpha a pris position pour un refus en bloc du projet de décret d’application de l’article 52 de la loi du 9 août 2004 dans sa rédaction du 10 janvier 2006. Cette rédaction liberticide aurait en effet pour conséquence de proposer au public des garanties universitaires inconsistantes.

(a)lpha s’est créée, dans le mouvement initié par Jacques-Alain Miller en octobre 2003, pour rappeler que la seule garantie pour le patient est la cure psychanalytique ou le travail sur soi effectué par le psychanalyste ou le psychothérapeute. En effet, seul un tel travail permet de connaître les motivations pour lesquelles un thérapeute ou un analyste a décidé, un jour, d’accueillir la souffrance du sujet qui s’adresse à lui.

Freud et Lacan n’ont jamais cédé sur ce point : la psychanalyse ne saurait être que laïque, c’est-à-dire ne tomber ni entre les mains des médecins, ni entre celles des universitaires. La psychanalyse ne peut être exercée que par quelqu’un qui a fait une psychanalyse. Il en est de même pour le psychothérapeute. Nous avançons donc que de même, la psychothérapie ne peut être que laïque.

Le projet de décret actuel, dans sa rédaction du 10 janvier, qui prévoit la création d’une nouvelle profession de psychothérapeute, dont la seule garantie serait universitaire est inacceptable : et telle n’était certainement pas la volonté du législateur ainsi que les transcriptions des débats parlementaires le montrent clairement.

Comment sortir de l’impasse actuelle ?

Puisque le gouvernement doit respecter l’obligation inscrite dans notre Constitution de publier les textes réglementaires nécessaires à l’application des lois votées par la Représentation Nationale, (a)lpha propose au gouvernement un décret inspiré par la position de sagesse dont ont fait preuve nos élus au moment du vote de l’article 52.

En effet les parlementaires, s’ils avaient voté l’amendement Accoyer à l’unanimité (à l’Assemblée nationale) ont finalement abouti, après des mois de navette parlementaire, d’information et de débats, à un article 52 qui est un texte de compromis, d’apaisement.

Comme tous les textes de compromis, cet article 52 est assez mal rédigé. Il porte la trace des tensions qui ont présidé à sa rédaction.

Mais il témoigne aussi de la volonté des parlementaires de corriger les excès de l’amendement Accoyer et de tenir compte des arguments exposés pendant des mois par les membres de la « Coordination psy ».

(a)lpha propose au gouvernement le retour à une rédaction modérée du décret d’application de l’article 52 qui affirmerait les principes suivants :

- Garantie de liberté de formation des praticiens du champ psy ;
- Refus des fausses garanties universitaires données au public ;
- Obligation d’effectuer un travail sur soi à toute personne désireuse de demander le titre de psychothérapeute instauré par l’article 52 de la loi du 9 août 2004.


Le décret d’applicationpourrait être ainsi rédigé :


Proposition de décret d’application de l’article 52 en date du 17/02/2006

Art. 1 : Le gouvernement français garantit à tout thérapeute la liberté d’exercice pleine et entière, conformément aux principes garantis et par la Constitution française et par les institutions européennes.

Art. 2 : Les instituts de psychothérapie ou de psychanalyse se voient confier la formation des psychothérapeutes et psychanalystes.

Art. 3 : Les formations universitaires de niveau master en psychopathologie clinique ne permettront d’accéder au titre de psychothérapeute qu’à la condition expresse que les candidats à l’obtention de ce titre aient effectué, sur eux-mêmes, un travail de type psychothérapeutique et/ou psychanalytique, complété d’une formation reçue au sein dans un institut de psychothérapie ou de psychanalyse.

Art. 4 : L’inscription sur les listes de psychothérapeutes est de droit pour les psychothérapeutes répondant aux conditions des articles 2 et 3 du présent décret.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.lahnon.org
 
(a)lpha - Association pour la laïcité de la psychanalyse
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» L'Association Française de TCC
» l'Association Lacanienne Internationale (ALI)
» L'Association Française de Psychiatrie (AFP)
» L'Association Psychanalytique de France (APF)
» L'Association Fédérative Française de Psychothérapie (AFFOP)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Coordination nationale des étudiants contre le décret sur la psychothérapie :: Dialogue avec les professionnels :: Réactions des Psychanalystes-
Sauter vers: